Henri Moissan : Winner of the Nobel Prize for Chemistry 1906 (A. TRESSAUD, Volume 45, Issue 41 , Pages 6792-6796, Sep 2006, Angewandte Chemie International Edition)

 

Article : Le Fluor, MOISSAN Henri, LA NATURE , 701, 6 novembre 1886, pp 363-366

Livre : Le fluor et ses composés par Henri MOISSAN. Edité par G. Steinheil, Paris, 1900.

Thèse Henri MOISSAN 1880

 

A la poursuite de l’halogène manquant au XIXème siècle : d’André-Marie Ampère et Humphrey Davy à Edouard Frémy

En 1809 quand on annonce en France la découverte du sodium et du potassium par le chimiste anglais Humphrey Davy (1778-1829), André Marie Ampère (1775-1836) pressent l’existence du chlore et du fluor en tant qu’éléments chimiques mais ne publie pas ses hypothèses. Frappé par les analogies entre l’acide muriatique (acide chlorhydrique) et l’acide fluorique (acide fluorhydrique), il conclut à l’existence d’un élément qu’il appelle tout d’abord oxy-fluorique puis fluorine, une fois convaincu que l’acide fluorhydrique ne contenait pas d’oxygène. Parmi les lettres qu’il échange avec Davy pendant que la guerre fait rage entre les deux pays, il suggère même le 1er novembre 1810 [1] la possibilité d’isoler l’élément fluor par électrolyse de l’acide fluorhydrique anhydre : "Reste à savoir si l’électricité ne décomposerait pas l’acide hydro-fluorique sous sa forme liquide, lorsqu’on en aurait écarté l’eau le plus possible, en portant l’hydrogène d’un côté et " l’oxy-fluorique " de l’autre. Dans sa réponse de février 1811, Davy n’admet pas l’existence d’un corps simple proposé par Ampère, mais estime plutôt qu’il contient de l’oxygène : “In the views that I have ventured to develop, neither oxygen, chlorine or fluorine are asserted to be elements”. Toutefois, Ampère laissera à Davy, convaincu de la justesse des vues du savant français après trois ans de correspondance, la gloire d’annoncer en 1813 la découverte de ce nouvel élément [2]. Une note autobiographique d’Ampère, dans laquelle il parle de lui à la troisième personne, établit cependant l’antériorité de sa découverte. Celle-ci est d’ailleurs parfaitement reconnue par Davy : "During the period I was engaged in these investigations, I received two letters from M. Ampère of Paris, containing many ingenious and original arguments in favour of the analogy between the muriatic and fluoric compounds. M. Ampère communicated his views to me in the most liberal manner ; they were formed in consequence of my ideas on chlorine and supported by reasonings drawn from the experiments of MM Gav-Lussac and Thénard”.

La quête de ce nouvel élément occupa de nombreux chercheurs tout au long du XIXème siècle. Une des premières étapes fut la préparation de l’acide fluorhydrique pur, exempt d’eau, par Louis-Jacques Thénard (1777-1857) et Louis-Joseph Gay-Lussac (1778-1850). Le produit qu’ils avaient obtenu produisait d’épaisses fumées à l’air, dissolvait rapidement le verre et causait des brûlures très tenaces, phénomène qui avait été observé depuis fort longtemps. Quelques temps après, J. J. Berzelius (1779-1848) caractérisa le fluorure d’ammonium [3]. Durant cette période plusieurs chercheurs payèrent un lourd tribut à la recherche du fluor [4] : Georges et Thomas Knox furent fortement intoxiqués et le chimiste belge P. Louyet décéda. Aux environ de 1860, J. C. G. de Marignac (1817-1894) synthétisa et décrivit d’une manière étonnamment précise les caractéristiques morphologiques de très nombreux cristaux de sels fluorés anhydres ou hydratés tels que les fluorotitanates ou les fluorozirconates. Ses conclusions sont toujours valables un siècle plus tard [5]. Henri Sainte-Claire Deville (1818-1881) ou Edmond Frémy (1814-1894) caractérisèrent également de nombreux fluorures minéraux. En 1869, le grand chimiste russe D. I. Mendeleev (1834-1907) positionnait de manière irréprochable l’élément dans le tableau périodique qu’il venait de concevoir.

Une étape décisive fut franchie lorsque Frémy réussit à préparer du fluorure d’hydrogène anhydre de haute pureté ainsi que KHF2, appelé aussi sel de Frémy : “KFl.HFl” avec les notations de l’époque [6]. G. Gore (1826-1904) en détermina les caractéristiques physico-chimiques. Il convient toutefois de signaler que dès 1836 Frémy était passé tout près de la solution en électrolysant des sels à base de fluorures de calcium ou de potassium fondus. Frémy a d’ailleurs longtemps revendiqué la paternité de cet isolement car déjà en 1856 il constatait le dégagement d’un gaz décomposant l’eau avec production d’acide fluorhydrique : "Il se dégage par le col de la cornue de platine, un gaz odorant qui décompose l’eau en produisant de l’acide fluorhydrique, et qui déplace l’iode contenu dans les iodures : ce gaz me paraît être le fluor" [6]. Toutefois, à la température à laquelle il opérait, Frémy n’avait pu aller plus loin dans l’isolement du fluor et jamais il n’envisagea d’utiliser KHF2, vraisemblablement en raison des difficultés technologiques liées à la température de fusion élevée du composé : Tf = 293°C.

C’est donc finalement en juin 1886 qu’Henri Moissan (1852-1907), un ancien élève de Frémy réussit à isoler le fluor, concluant ainsi ce long chapitre de l’histoire de la chimie, comme l’a souligné J. R. Partington (1886-1965) “The isolation of fluorine was long one of the master problems of inorganic chemistry” [7].

1886 fut décidément un très grand millésime pour le fluor et les fluorures. Simultanément, et de manière totalement indépendante, deux jeunes gens de 23 ans, Paul Louis Toussaint Héroult en France et Charles Martin Hall aux USA - tous deux nés et morts la même année (1863-1914) - découvrirent une nouveau procédé électrochimique de synthèse de l’aluminium qui allait révolutionner le développement de ce nouveau métal. Le procédé consistait à électrolyser de l’alumine dissoute dans de la cryolite fondue aux environs de 1000°C. La cryolite (Na3AlF6) était extraite du gisement d’Ivigtut au Groenland. Ils prolongeaient ainsi le travail des fondeurs du Moyen-âge tel que décrit par Georgius Agricola. Le procédé sera dès lors appelé le procédé Hall-Héroult et le principe est toujours utilisé de nos jours.


Alain TRESSAUD, Institut de Chimie de la Matière Condensée de Bordeaux (ICMCB-CNRS), Université Bordeaux1, 87 Avenue Dr. A. Schweitzer, 33608 Pessac Cedex, France E-mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 


 

La découverte du fluor par Henri Moissan et son "héritage scientifique" en 2007

Henri Moissan (1852-1907) fut le premier récipiendaire français du Prix Nobel de chimie en 1906 (Fig. 1). Lors de la remise du prix, le Président de l’Académie Royale Suédoise, le Professeur P. Klason, souligna en ces termes les deux aspects essentiels de l’œuvre du savant ayant conduit au prix : "for having isolated and investigated the chemical element fluorine and for having introduced the electric furnace into the service of science - exploits whereby he has opened up new fields for scientific research and industrial activity" [1]. En effet vingt ans auparavant, en 1886, Henri Moissan avait isolé le fluor lors d’une expérience restée fameuse et avait par la suite ouvert la voie des synthèses à très hautes températures.

— Les années de jeunesse Henri Moissan naquit à Paris en 1852, mais c’est à Meaux qu’il passa une grande partie de son adolescence et y commença sa vie professionnelle comme apprenti horloger. En 1870, la guerre obligeant sa famille à retourner à Paris, il fut incorporé une année dans l’armée puis s’inscrivit à l’Ecole Supérieure de Pharmacie de Paris. Henri Moissan hésitera longtemps entre Pharmacie et Chimie. Il s’inscrivit successivement dès 1872 à l’Ecole de Chimie expérimentale d’Edmond Frémy au Muséum puis rejoignit, toujours au Muséum, le laboratoire de P.P. Dehérain en commençant des recherches en physiologie végétale sur l’absorption de l’oxygène et l’émission de gaz carbonique par les plantes dans l’obscurité. En 1879, il devint pharmacien de première classe. Ses recherches en chimie sur le fer pyrophorique et les oxydes métalliques de la famille du fer le conduisirent à une thèse de Doctorat ès Sciences qu’il soutint en 1880. Dans le même temps il monta les échelons à l’Ecole Supérieure de Pharmacie de Paris : Maître de Conférences et Chef de Travaux Pratiques depuis 1880, il fut nommé Professeur Agrégé en 1882 grâce à une thèse intitulée « Série du cyanogène » [2,3]. A partir de 1884 Henri Moissan concentra tous ses efforts sur l’isolement du fluor, halogène dont l’existence était connue dès le début du siècle, suite aux travaux de A.M. Ampère en France et H. Davy en Angleterre (voir l’article : "A la poursuite de l’halogène manquant au XIXème siècle"), mais qui n’avait pu être isolé en raison de son exceptionnelle réactivité.

— 1886 : un grand millésime pour le fluor Bien que les efforts de plusieurs générations de chimistes soient ainsi restés vains et en dépit de plusieurs tentatives infructueuses réalisées en électrolysant des fluorures de phosphore et d’arsenic, H. Moissan mit toute son énergie pour trouver une solution lui permettant d’atteindre son but. Son trait de génie fut de rendre conducteur le bain par adjonction de fluorure acide de potassium fondu KHF2. En effet le fluorure d’hydrogène pur, HF, ne pouvait fonctionner seul car sa conductivité électrique est trop faible. Henri Moissan construisit un électrolyseur en platine et baissa la température de réaction du mélange électrolytique HF + KHF2 de manière à limiter la corrosion. Il construisit un électrolyseur en U en platine fermé par des bouchons de fluorine, CaF2 (Fig.1). La cathode et l’anode étaient en platine irridié pour mieux résister au fluor. Les traces de fluorure d’hydrogène étaient condensées à la sortie du montage par un piège à basse température et également par du fluorure de sodium. Le 28 juin 1886, un dégagement gazeux fut caractérisé à l’anode de l’électrolyseur : le fluor (F2) venait d’être isolé, mettant ainsi un point final à l’un des problèmes les plus difficiles de la chimie minérale (Fig. 2) [4]. Le gaz obtenu, de couleur jaune-vert, était très toxique et s’avérait un oxydant puissant, enflammant les matières organiques à son contact et s’unissant directement, souvent violemment, avec pratiquement tous les éléments [5-7].

— Œuvre scientifique d’Henri Moissan Quelques mois après avoir isolé le fluor, Moissan est nommé à la chaire de toxicologie de l’École supérieure de pharmacie. Bien que cette matière ne soit pas sa spécialité, il l’enseignera pendant 13 ans, jusqu’à ce qu’il devienne titulaire de la chaire de chimie minérale de l’École de pharmacie, en 1899. Il décrit minutieusement les règles qui doivent être respectées lors des expertises, en cas d’épidémie, par exemple. Il se préoccupe d’hygiène professionnelle, de l’analyse des atmosphères d’usines, de l’hygiène des villes et des habitations, de l’alimentation, etc. Parce qu’il avait rénové l’enseignement de la toxicologie, Moissan fut élu membre de l’Académie de médecine dès 1888. Sa nomination à la chaire de toxicologie ne brise pas l’élan de Moissan pour la chimie minérale. Ses recherches le placent au premier rang des chimistes français, et sa réputation devient vite internationale. En 1891 il est nommé à l’Académie des Sciences et en juillet 1900, titulaire de la chaire de chimie minérale à la Faculté des sciences, Paris-Sorbonne. Jusqu’à cette date, ses recherches portèrent exclusivement sur le fluor et les propriétés de ses dérivés, en collaboration avec ses élèves : P. Lebeau, M. Meslans, C. Poulenc [8-10], ou avec l’aide d’éminents collègues comme H. Becquerel ou M. Berthelot. Grand pédagogue, il écrit de nombreux ouvrages couvrant les principaux aspects de la chimie minérale de l’époque [11]. Ultérieurement, Henri Moissan obtint de très nombreux succès en synthèses minérales. Ainsi il prépara à l’état pur le bore et de nombreux borures. À partir de 1890, il s’attaque à un problème encore plus difficile que celui de l’isolement du fluor : la préparation artificielle du diamant [13]. Afin d’obtenir les très hautes températures nécessaires à la transformation du carbone en diamant, il conçut et mit en œuvre un four électrique dont le principe était de réaliser un arc électrique entre deux blocs de calcaire. Ce four qu’il décrivit pour la première fois en 1892, permit d’atteindre 3000 - 3500°C, températures exceptionnelles pour l’époque (Fig. 3). L’expérience était la suivante : après chauffage vers 3000 °C d’un mélange de fer et de charbon de sucre, le creuset de charbon subissait une trempe dans de l’eau froide. Une forte pression s’établissait à l’intérieur du solide. Parmi les résidus, Moissan trouve des cristaux microscopiques de différents types de diamant. Toutefois quelques milligrammes à peine de cristaux sont obtenus par expérience. Dans ce domaine, même s’il ne put concrétiser ses espérances et si ses résultats furent contestés, notamment par H. Le Chatelier et C. Parsons, il fit également figure de visionnaire, pressentant la voie haute pression qui devait permettre cinquante ans plus tard la synthèse industrielle du diamant artificiel par General Electric. Aujourd’hui, la production mondiale de diamants synthétiques est estimée à 450-500 millions de carats. Cette avancée technologique permit à Henri Moissan d’écrire une nouvelle page de la chimie, celle des hautes températures. La liste de ses découvertes est longue :

  • cristallisation de nombreux oxydes métalliques réputés infusibles,
  • obtention de métaux réfractaires par réduction de leurs oxydes en présence de carbone,
  • découverte de nombreux carbures métalliques tel que le carbure de calcium qui ouvrit la voie vers l’acétylène, mais également de nouveaux borures, nitrures, siliciures,
  • procédé de préparation du calcium à l’état pur par réduction de l’iodure de calcium par un excès de sodium, développement des hydrures métalliques, etc. On peut ainsi conclure avec R. Collongues qu’Henri Moissan est également le père des hautes températures [12]. Le prix Nobel de chimie vint très justement couronner l’œuvre immense de ce grand savant. Henri Moissan fut honoré par de très nombreux titres et distinctions : académies françaises et étrangères, doctorats Honoris causa, décorations variées. La puissance de travail de Henri Moissan était telle que l’accomplissement de cette œuvre ne l’avait empêché à aucun moment de son existence de veiller à la culture générale de son esprit. La musique et le théâtre l’attiraient peu, mais il admirait Corot, dont il possédait quelques belles toiles devant lesquelles il aimait à reposer son esprit. Il aimait aussi à collectionner les œuvres de peintres contemporains et les gravures anciennes. Il avait réuni une très belle collection d’autographes concernant la Révolution française [14]. Il mourut à 54 ans le 20 février 1907 d’une crise d’appendicite aigue, deux mois seulement après avoir reçu le prix. Le fluor, ses composés gazeux très toxiques et le monoxyde de carbone se dégageant du four électrique l’ont sans doute affaibli et ont peut-être été responsables de sa faible résistance à l’infection.


L’héritage d’Henri Moissan Aujourd’hui, à l’aube du XXIème siècle, Henri Moissan fait toujours figure de précurseur dans la plupart de ces domaines et la liste est longue de technologies et de découvertes scientifiques de premier plan qui lui sont largement redevables. In 1986 le Prix International Henri Moissan a été créé pour récompenser des découvertes exceptionnelles obtenues en chimie du fluor [15]. Par ailleurs, le four électrique a ouvert les champs de l’électrométallurgie, de l’aluminothermie, de l’industrie de l’acétylène et du cyanamide calcique. La croissance cristalline d’oxydes, la production industrielle de céramiques et de réfractaires techniques lui doivent également beaucoup. L’importance des matériaux carbonés, telle que la pressentait Henri Moissan, peut être illustrée par la place décisive des composites dans de nombreux domaines stratégiques [16]. De nos jours, le fluor est toujours synthétisé électrochimiquement selon le principe qu’Henri Moissan avait mis au point [17, 18]. L’une de ses utilisations principales est liée à la transformation du tétrafluorure d’uranium en hexafluorure, étape sans laquelle il ne pourrait y avoir d’énergie d’origine nucléaire [19]. On compte plus de 600.000 composés contenant au moins un atome de fluor et la chimie du fluor et des produits fluorés a permis des avancées considérables dans des domaines très variés : chimie organique [20], matériaux [21], polymères [22], applications médicales et pharmaceutiques [23]. Parmi les grandes découvertes qui ont parsemé le XXème siècle, on peut citer :

  • l’utilisation de fluorures organiques et/ou inorganiques dans de nombreuses procédés de conversion d’énergie : batteries à ion Li, piles à combustible et énergie nucléaire [19, 24],
  • les polymères fluorés, tel le Teflon®, dont la remarquable résistance à la corrosion a révolutionné certaines utilisations : conditionnement de produits très réactifs, récipients culinaires « n’attachant pas », matériaux pour implantation cardio-vasculaires, membranes pour piles à combustible [22],
  • la place stratégique occupée par le fluor et les gaz fluorés en microélectronique dans la chaîne de production des composants en silicium, car ils permettent l’élimination de toute trace d’impuretés à la surface du semi-conducteur qui seraient rédhibitoires au bon fonctionnement de nos ordinateurs,
  • l’utilisation de tensio-actifs fluorés pour la protection des tissus, moquettes, cuir, lutte contre l’incendie,
  • les traitements de surface par couches anti-graffiti, absorbeurs UV, protection automobile, protection de notre patrimoine culturel par injection de polymères fluorés dans les objets lithiques et par dépôts sur des structures métalliques : la protection des montants métalliques de la pyramide du Louvre ou des parties métalliques supportant la structure de la Grande Arche à Paris, La Défense, en sont des exemples.
  • les propriétés thérapeutiques de nombreuses molécules fluorées : anticancéreuses, anti-inflammatoires, antibiotiques, neuroleptiques ou antihypertenseurs, et les possibilités d’utilisation des perfluorocarbures en chirurgie vitréorétinienne et en tant que substituts du sang pour transfusions d’urgence [23] ;
  • les apport de l’élément F en imagerie médicale pour la détection précoce de tumeurs et de certaines maladies du cerveau (maladie d’Alzheimer) par 18F tomographie par émission de positron ou RMN de 19F [25].
  • la vaste gamme de molécules contenant un ou plusieurs atomes de fluor à propriétés herbicides, fongicides ou insecticides.


Il est clair que certaines atteintes à l’environnement causées par des produits fluorés ne doivent pas être sous-estimées [26], mais la recherche de solutions à apporter pour pallier ces nuisances constitue un des grands défis des chimistes du fluor : par exemple, contrôle de l’utilisation de molécules fluorées en agrochimie, remplacement définitif des chlorofluorocarbones (CFC) devenus en partie responsables de la dégradation de notre atmosphère, défluoration de l’eau potable dans de nombreuses parties du monde présentant des risques de fluorose, etc... [27]. Bien que l’isolement du fluor par Henri Moissan ait maintenant plus de cent ans, le fabuleux destin de cet élément semble n’être à ce jour qu’à ses prémices, tant les ouvertures apportées dans de très nombreux domaines de la science semblent prometteuses [28].

— References and notes [1] “Nobel Lectures, Chemistry 1901-1921”, Elsevier Publishing Company, Amsterdam, 1966

[2] C. Viel, J. Flahaut, "Vie et œuvre de H. Moissan", J. Fluorine Chem. 1986, 33, 27-44, lecture given during the International Symposium on the Centenary of the Discovery of Fluorine, Paris, 1986.

[3] C. Viel," Aspects historiques de l’isolement du fluor. Travaux d’Henri Moissan et de ses collaborateurs directs jusqu’au début du XXe siècle" in the special issue of "Actualité Chimique" commemorating the 1906 centenary, Société Française de Chimie, 2006.

[4] H. Moissan, "Sur la décomposition de l’acide fluorhydrique par un courant électrique", C. R. Acad. Sci., séance du 28 juin 1886, 1886, 102, 1543-1544 ; ibidem, 1886, 103, 202-205 ; ibidem 1886, 103, 256-258.

[5] E. Banks, “Isolation of fluorine by Moissan: setting the scene”, J. Fluorine Chem. 1986, 33, 3-26 and R. E. Banks, (Ed.), “Fluorine Chemistry at the Millennium: Fascinated by Fluorine”, (partly in 100th Volume, J. Fluorine Chem., 1999), Elsevier Science & Technology, 2000.

[6] H. Moissan: "Das Fluor und seine Verbindungen", transl. by Dr. Theodor Zettel, German Edition, Verlag von M. Krayn, Berlin 1900.

[7] P. Lebeau, "Notice sur la vie et les travaux d’Henri Moissan", Bull. Soc. Chim. France, 1908, [4], 3-4, ; the same text appeared in "Hommage à Henri Moissan", Chimie et Industrie, Paris, 1932.

[8] Among the numerous publications of H. Moissan on fluorine and fluoride compounds, we can quote : "Recherches sur l’isolement du fluor", Annales Chim. Phys. 1887, 6ème série, t. XII, 472 ; " Nouvelles recherches sur le fluor", Annales Chim. Phys. 1891, 6ème série, t. XXIV, 224 ; "Fluorure double de chrome et potassium", Annales Chim. Phys. 1894, 7ème série, t. II, 66 ; "Le bifluorure de platine anhydre", C. R. Acad. Sci. 1889, 109, 807.

[9] C. Poulenc, "Contribution à l’étude des fluorures anhydres et cristallisés", Annales Chim. Phys. 1894, 7ème série, t. II, 5.

[10] H. Becquerel et H. Moissan. "Etude de la fluorine de Quincié", C. R. Acad. Sci. 1890, 111, 669-672.

[11] H. Moissan, "Le Fluor et ses Composés", G. Steinhel Ed., Paris, 1900 ; Le four électrique, G. Steinhel Ed., Paris, 1897 ; Traité de Chimie Minérale, Masson Ed., Paris, 1904-1906.

[12] R. Collongues, F. Galtier, "Henri Moissan, chimiste expérimentateur", Pour la Science, 1996, 230, 46-52.

[13] O. Krätz, “The rocky road to literary fame: Marcel Proust and the diamond synthesis of Professor Moissan”, Angew. Chem. Int. Ed. 2001, 40, 4604-4610.

[14] At the auction of his collection of autographs at Drouot on 14th October 1921, more than 6000 items and manuscripts were sold off.

[15] Following the International Symposium commemorating in 1986 the isolation of fluorine, the International Moissan prize was established by co-chairmen, P. Hagenmuller and P. Plurien, for recognizing achievements in the various fields of fluorine chemistry. Besides this international prize, Moissan grants are regularly proposed to students by the Fluorine Division of the American Chemical Society.

[16] W. Krenkel, R. Naslain, H. Schneider, “High Temperature Ceramic Matrix Composites”, Wiley, 2001.

[17] M. Jaccaud, F. Nicolas, Techniques de l’Ingénieur, 1990, J6020-J1453.

[18] D. Pletcher, “Industrial Electrochemistry”, Chapman and Hall, London, 1982 (Chap. 5).

[19] H. Groult, F. Lantelme, C. Belhomme, B. Morel, F. Nicolas, J.P. Caire, "Synthèse électrochimique du fluor de 1886 à 2006 : le fluor, élément clef pour l’énergie nucléaire", in the special issue of "Actualité Chimique", Société Française de Chimie, 2006.

[20] K. Uneyama, “Organofluorine Chemistry”, Blackwell Publ., 2006; R. Chambers, "Fluorine in Organic Chemistry", Blackwell Publ., 2004; J. A. Gladysz, D. P. Curran, and Istvan T. Horvath (Eds), "Handbook of Fluorous Chemistry", Wiley, 2004; P. Kirsch, "Modern Organofluorine Chemistry - Synthesis & Applications", Wiley-VCH 2004; R.E. Banks, B.E. Smart, J.C. Tatlow, "Organofluorine Chemistry: Principles & Commercial Applications", Kluwer Academic / Plenum Publishers 1994 ; G. A. Olah, G.K.S. Prakash, R. D. Chambers, "Synthetic Fluorine Chemistry", John Wiley & Sons Inc. 1992.

[21] T. Nakajima, B. Zemva, A. Tressaud, (Eds), “Advanced Inorganic Fluorides : Synthesis, Characterization and Applications”, Elsevier, 2000 ; N. Watanabe, T. Nakajima, H. Touhara, “Graphite fluorides”, Elsevier, 1988; P. Hagenmuller (Ed,), “Inorganic solid fluorides : chemistry and physics”, Academic Press, 1985.

[22] B. Ameduri, B. Boutevin, “Well-Architectured Fluoropolymers”, Elsevier, 2004

[23] J.P. Bégué et D. Bonnet-Delpon, "Chimie bioorganique et médicinale du fluor", EDP-Sciences, 2005; I. Ojima, J.R. McCarthy, J.T. Welch, “Biomedical Frontiers in Fluorine Chemistry”, American Chemical Society, 1996; J. T. Welch, S. Eswarakrishnan "Fluorine in Bioorganic Chemistry”, John Wiley & Sons Inc., 1991.

[24] T. Nakajima, H. Groult (Eds), “Fluorinated materials for energy storage”, Elsevier, 2005.

[25] L. H. Weinstein, A. Davison, "Fluorides in the Environment: effect on plants and animals”, CABI Publishing, Cambridge, Mass., 2004.

[26] A. Tressaud (Ed.), volumes dedicated to “Fluorine and the environment” in the book series “Advances in Fluorine Science”, Elsevier, 2006.

[27] Among the celebrations that took place in 2006 for the centenary of Henri Moissan’s Nobel prize, we can quote: Session at 18th International Symposium on Fluorine Chemistry in Bremen (July 30, 2006); special issues of “Actualité Chimique”, SFC, and J. Fluorine Chem; International Colloquium at Maison de la Chimie, Paris (Nov. 10, 2006).



[28] Alain TRESSAUD, Institut de Chimie de la Matière Condensée de Bordeaux (ICMCB-CNRS), Université Bordeaux1, 87 Avenue Dr. A. Schweitzer, 33608 Pessac Cedex, France e-mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.



Diplôme Nobel d’Henri Moissan
Fig. 1 : Diplôme Nobel d’Henri Moissan et cellule électrolytique de production de fluor (musée Moissan, Faculté de Pharmacie, Université René Descartes Paris 5 ; photo A. Tressaud)



Première Note d’Henri Moissan sur l’isolement du fluor
Fig. 2 : Première Note d’Henri Moissan sur l’isolement du fluor : C.R. Acad. Sc., 1886, t. CII, pages 1543-1544.


Henri Moissan et son four électrique
Fig. 3 : Henri Moissan et son four électrique à la Faculté des sciences de Paris

 

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